PoĂ©sie dâineptie Le bon sens est la chose du monde la mieux partagĂ©e »., Descartes, Le discours de la mĂ©thode,1637. Le bon sens est la chose du monde la mieux partagĂ©e. Un sapin est un arbre mort qui fait offense au vivant Une femme voilĂ©e revendique sa fĂ©minitĂ© Les voyous armĂ©s ont raison contre les policiers Des dictatures sanglantes dâAfrique Du Nord au Sud glorifient leurs exactions La normalitĂ© devient putrĂ©faction. Le bon sens , câest lâinstinct qui dit LâinterĂȘt gĂ©nĂ©ral comme principal souci. Le bonheur du peuple comme unique remĂšde. Dâavoir la dĂ©mocratie comme systĂšme Autant lâutiliser pour influencer Et Ă©viter toutes les dĂ©rives des rĂ©seaux sociaux, De ceux qui utilisent les jeunes comme cobayes Pour leur apprendre que ni le bien, ni le mal existent Juste les vues Facebook ou InstagramâŠ. Comment transmettre, comment Ă©duquer ? espĂ©rer que tout le monde ne devienne pas imbĂ©cile. Le bon sens nâest plus la chose la mieux partagĂ©e au monde, contrairement au mauvais goĂ»t . lescoursjulien Pages Facebook Les cours Julien, ou Bac de français Twitter lescoursjulien Contactlescoursjulien
panoramiqueset dĂ©voilent les images sous d'autres images, prend tout son sens dans cette confrontation permanente entre la mort et la vie, la violence et la douceur. Rue du Monde, Des poĂšmes dans les yeux . Dir. Jean-Marie Henry, ill. Laurent Corvaisier . PoĂšmes Ă crier dans la rue : anthologie de poĂšmes pour rĂȘver un autre monde
PoĂšte, critique dâart et traducteur, Yves Bonnefoy est mort vendredi 1er juillet Ă lâĂąge de 93 ans. Nous rendons hommage Ă lâauteur du recueil de poĂšmes Du mouvement et de lâimmobilitĂ© de Douve en republiant le texte dâun de ses discours prononcĂ© Ă lâuniversitĂ© Rome-lll le 24 janvier 2001, et publiĂ© aux Ă©ditions William Blake and Co, Ă lâoccasion de son titre de docteur honoris causa. Mesdames et Messieurs, mes amis, que je vous dise dâabord que câest avec beaucoup dâĂ©motion que je prends conscience de lâhonneur que votre universitĂ© me fait en me confĂ©rant le titre de docteur honoris causa. De tous les signes dâintĂ©rĂȘt ou de sympathie que lâon peut avoir la chance de susciter, il nâen est pas qui me touchent plus que ceux qui viennent des universitĂ©s, parce que je sais que dans notre sociĂ©tĂ© menacĂ©e de divers cĂŽtĂ©s par des forces que lâĂȘtre humain ne contrĂŽle plus, ces grandes institutions dont vous ĂȘtes lâune sont le lieu oĂč les esprits de rĂ©flexion et de responsabilitĂ© se retrouvent presque immanquablement aujourdâhui, mĂȘme si certains dâentre eux poursuivent dâautres projets, par exemple la crĂ©ation littĂ©raire, laquelle nâest nullement affaiblie dans sa libertĂ© ou sa force par lâacquisition des savoirs ou lâexercice averti de lâanalyse critique. Câest Ă lâuniversitĂ© que lâon dĂ©fend le mieux, me semble-t-il, ce projet de civilisation qui a Ă©tĂ© Ă travers les siĂšcles la grande ambition de la sociĂ©tĂ© humaine, et quâil ne faut pas cesser de valoriser, malgrĂ© de rĂ©cents scepticismes, parce que ce qui importe Ă notre existence, ce sont, oui, en premier lieu, les biens matĂ©riels qui permettent de vivre comme le corps le demande, et la justice dans la rĂ©partition de ces biens, mais aussi et autant les valeurs morales, les recherches de vĂ©ritĂ©, les Ćuvres dâart qui font que la vie ainsi protĂ©gĂ©e ne sera pas simple survie, privĂ©e de la joie quâapporte le sentiment quâil y a du sens Ă ĂȘtre sur terre. Et quant Ă moi, personnellement, je dois beaucoup Ă lâuniversitĂ©, je puis le dire en ce point, et mĂȘme comme Ă©crivain, mĂȘme comme celui qui cherche Ă pratiquer cette activitĂ© sans rĂšgle ni cadres de rĂ©fĂ©rence que lâon nomme la poĂ©sie. Sans doute ai-je toujours eu un goĂ»t marquĂ© pour lâenquĂȘte historique et la rĂ©flexion philosophique, et câest de ces cĂŽtĂ©s, que ne visitent pas nĂ©cessairement ceux qui Ă©crivent, quâil y a eu pour moi une bonne part des apports en fait innombrables que jâai reçus des travaux savants et je pense ainsi avec gratitude Ă ces admirables historiens de lâart, de la religion ou des idĂ©es, sel du XXe siĂšcle souvent si sombre, qui ont donnĂ© forme lisible Ă ce que le passĂ© nous confie mais sous une forme souvent obscure. Toutefois, câest en tant quâĂ©crivain au sens le plus subjectif, le plus aventureux de ce mot, câest quand jâĂ©cris, par exemple, sous le contrĂŽle de lâinconscient plus que dâaucun projet dĂ©fini, que je sais que lâuniversitĂ© me nourrit, et dâune façon irremplaçable. Comment cela ? Eh bien, parce que ce sont ses philologues, ses lexicologues, ses historiens du fait littĂ©raire, qui me permettent de pouvoir lire Dante ou PĂ©trarque, ou Shakespeare ou Leopardi, ou Baudelaire ou Rimbaud, dâune façon qui, retrouvant et prĂ©cisant les signifiants actifs dans ces Ćuvres, rouvrant les plis dans lesquels ne cesse jamais de sâocculter la parole, restitue leur pensĂ©e premiĂšre dans toute sa force de tĂ©moignage. Et il sâensuit que reparaĂźt lĂ une expĂ©rience dont je comprends que jâavais besoin, elle me donne des indices sur le chemin vers lĂ oĂč la poĂ©sie se trouve. Merci donc Ă lâuniversitĂ© de me permettre dâĂȘtre davantage moi-mĂȘme. Mais aussi, merci, plus spĂ©cialement, Ă votre grande universitĂ© de me donner lâoccasion dâexprimer cette gratitude Ă Rome, parce quâil nâest pas de lieu de ce monde oĂč la recherche du sens, qui est le devoir humain et votre pratique quotidienne, a Ă©tĂ© plus que dans la ville dite Ă bon droit Ă©ternelle un fait constant, avec sans cesse de grands moments et un certain apport, en particulier, qui se marqua dĂšs lâorigine et qui me paraĂźt dĂ©cisif. Quel est cet apport ? Essayant de lâĂ©voquer maintenant, je vais vous paraĂźtre peut-ĂȘtre bien simplificateur dans les descriptions, bien imprudent dans mes gĂ©nĂ©ralisations, bien prĂ©cipitĂ© dans mes conclusions, en bref bien peu digne de lâinstitution dont je dis le bien que jâen pense. Mais je me risquerai tout de mĂȘme Ă vous faire part dâune idĂ©e qui mâa toujours parue vraie, en tout cas toujours exaltĂ©. Une idĂ©e qui naĂźt de lâobservation de lâarchitecture, mais qui, en rĂ©alitĂ©, concerne toutes les autres formes de crĂ©ation, portant sur les aspects les plus intĂ©rieurs du rapport de la personne Ă soi-mĂȘme. Câest Ă la voĂ»te que cette pensĂ©e sâattache. Ă la voĂ»te, Ă cet extraordinaire recourbement par lequel le mur qui sâĂ©lĂšve pierre aprĂšs pierre se fait comme conscient du voisinage dâun autre mur et se penche vers lui, risque son Ă©quilibre dans le vide qui les sĂ©pare, dĂ©fie la gravitation, mais reçoit alors le secours du cĂŽtĂ© opposĂ© de lâĂ©difice, qui semblablement sâest portĂ© en avant, les deux murs ensemble faisant naĂźtre alors un espace, au sein duquel on peut vivre. Et parfois, cet espace, ce nâest pas Ă sa base un carrĂ© ou un rectangle, mais un cercle, et ce nâest plus alors la voĂ»te en berceau qui recouvre et rassure la vie qui y prend refuge, mais une coupole, et quel surcroĂźt alors dâĂ©vidence et je dirai de bonheur du sommet de cette coupole, de la clef qui y retient et y distribue les forces conjointes, descend vers le pavement un axe qui y dĂ©termine un point quâon peut dire un centre, ce qui enseigne lâidĂ©e du centre et en confĂšre un Ă ce lieu oĂč il se trouve quâon est, cependant quâau dessus le ciel lui-mĂȘme se fait un cercle, se voĂ»te, pour suggĂ©rer â un rĂȘve certes, mais lĂ©gitime â que le cosmos aveugle devient la maison de la vie humaine, engagĂ©e dans la tĂąche de recourber autour dâelle ce qui Ă©tait la simple nature, et dont elle fait une terre. La rĂ©alitĂ© sâillumine, câest un apport Ă la civilisation dont celle-ci reçoit un bĂ©nĂ©fice inĂ©galable par aucun autre. Pensez au temple grec, en effet, qui ne connaĂźt pas la voĂ»te ! Ă ces trois dimensions, deux au sol et la plus importante, la verticale, qui, nâĂ©tant pas cette fois conjointes par lâeffort commun de toutes les pierres, ont besoin pour former un tout, et non une simple juxtaposition des parties, du rapport harmonieux des longueurs, des largeurs, des hauteurs et dâautres formes qui sây inscrivent. Admirable peut ĂȘtre alors la musique qui se cherche puis se dĂ©gage de cette relation de grandeurs, de nombres. Nous qui regardons le ParthĂ©non ou Paestum sommes requis, transportĂ©s par cette structure intelligible dont la beautĂ© nous laisse entrevoir des rapports plus beaux et plus purs encore, dans lâempyrĂ©e. Nous sommes mĂȘme tentĂ©s, de par cette nostalgie de chacun et de toujours quâa si bien captĂ©e le platonisme, de nous dĂ©faire de nos attaches terrestres. Mais justement, quel danger ! [âŠ] » TĂ©lĂ©charger gratuitement lâintĂ©gralitĂ© de cet article au format PDF. Yves Bonnefoy photo Yves Bonnefoy, dĂ©cembre 2013 ©FIL/Natalia Fregoso
AnxiĂ©tĂ© Tu sens tes larmes qui tombent gouttes a gouttes contre tes lĂšvres, Tu te persuades que câest que dans ta tĂȘte, que ce nâest pas rĂ©el. Mais la voix est de plus en plus forte et prends de plus en plus de place. Tu rĂ©ouvres les yeux, le regard trouble. « Tu vas pas y arriver, tâes bonne Ă rien ».
La poĂ©sie est issue du blanc. Le poĂšme ne va pas au bout de la ligne amorcĂ©e, pend dans le vide et commande Ă celui qui lit ou Ă©crit un rythme qui dĂ©jĂ donne un sens et se mĂȘle Ă lâautre sens, celui des mots. Ainsi le blanc en bout de ligne est-il partie prenante du texte. La poĂ©sie est mise en valeur du blanc, du non dit, du silence. Le vers aux caractĂšres noirs est prĂ©sence et par le vide qui est son essence, il suscite lâabsence. Câest cette absence silence qui est le vrai fond du vers, en-deçà des mots profĂ©rĂ©s alentour. Sâil y a rythme, il y a musique ; or la raison dâĂȘtre de la musique est de dessiner sur le silence un temps humanisĂ© qui un moment prend en charge le temps de notre vie, comme un monument occupe le regard qui volerait Ă lâinfini si la chose bĂątie nâĂ©tait lĂ . La poĂ©sie est affirmation de celui qui Ă©crit, contre la page blanche qui, elle, figure lâabsence. Elle est prĂ©sence chantĂ©e sur le silence, comme lâenfant sifflote dans le noir pour se rassurer. Le blanc et le noir sont ici trĂšs proches, extrĂȘmes qui se touchent. Ma peur se mue en rythme et musique » pourrait ĂȘtre une dĂ©finition de la poĂ©sie. La poĂ©sie est toujours danger Ă cause de lâabĂźme quâelle prend en charge au bout du vers. Aucune autre forme dâexpression nâest aussi fragilement exposĂ©e Ă la mort, au silence. Elle est Ă lâimage de nos corps, plus encore quâune statue qui nous reprĂ©senterait, car la statue est lourde et pleine, et les vers si lĂ©gers, tellement exposĂ©s au vide quâils ouvrent . Ă cause de sa fragilitĂ©, la poĂ©sie demeure ; elle est mĂ©moire, elle est inoubliable, puisque comme notre corps elle risque tout Ă chaque avancĂ©e, Ă chaque pas vers le vide. Sa fragilitĂ© fait sa force. Panique du lecteur ; il a envie de la protĂ©ger comme on le fait dâune flamme dans le vent on lâapprend par cĆur. On lâenfouit non dans le crĂąne du savoir mais dans le cĆur, lĂ oĂč le rythme bat. PoĂ©sie et chamade, câest tout un. Le stĂ©thoscope seul capte au plus prĂšs le fond de poĂ©sie. On est Ă©tonnĂ© dâapprendre que la poĂ©sie fut lâart majeur de certaines Ă©poques parole sacrĂ©e qui maintenait lâespace pur entre les hommes et les dieux ; câĂ©tait le temps du poĂšte chamane qui parlait en vers car les dieux entendaient leur musique. Lâunivers chantait. Elle flotte aujourdâhui entre moquerie et respect solennel, on ne sait trop. Chacun en son secret est poĂšte, mais soit il lâavoue en rougissant, soit pire il le tait. On Ă©crit beaucoup de poĂ©sie, peu en lisent. Lâautre est devenu fatiguant et si lâon honore la poĂ©sie, câest peut-ĂȘtre par habitude scolaire, comme on se souvient du prĂ©au avec un serrement de cĆur. Nous voilĂ loin du sacrĂ©. On trouve parfois de la bonne poĂ©sie. Le texte monte du fond du blanc ; le vers ou ce qui en tient lieu jaillit de la page, de derriĂšre la feuille ; chaque caractĂšre, chaque mot donne lâimpression dâĂȘtre nĂ© du silence, de lâabsence Ă soi, comme si la feuille habillĂ©e du poĂšme se mettait Ă exister vraiment, Ă battre diastole-systole la page est devenue nĂ©cessaire au monde rĂ©el. On a envie Ă©videmment de lâapprendre par cĆur ou de la recopier. Il est peu de bonne poĂ©sie. Navigation de lâarticle
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